Chômage : derniers chiffres d’une année 2014 de tous les records

Chômage : derniers chiffres d’une année 2014 de tous les records

Avec la publication mardi des chiffres de Pôle emploi à fin décembre, le gouvernement veut tourner la page d’une année noire sur le front du chômage, l’esprit orienté vers 2015 qu’il espère plus favorable. Les chiffres de décembre vont « solder l’année 2014 qui n’a pas été une bonne année », a concédé en début de semaine le ministre du Travail François Rebsamen.

En effet : 2014 est d’ores et déjà l’année de tous les records. Fin novembre, le chômage a atteint un niveau historique, avec 3,49 millions de demandeurs d’emploi sans activité en métropole. Sur le mois, Pôle emploi a enregistré 27.400 inscriptions supplémentaires (+0,8%). Toutes les classes d’âge ont été affectées : +0,5% chez les jeunes, +1,0% chez les seniors. Pour ces derniers, il s’agit d’une tendance lourde, puisque le chômage des 50 ans et plus a bondi de 11,1% sur un an. Mais le ministre du Travail y « croit », l’année 2015 sera plus clémente. « Nous avons là, je crois, un alignement des planètes plutôt favorable », estime-t- il, citant notamment la baisse de l’euro, celle du pétrole et le programme d’investissement européen.

Toutefois, peu d’observateurs témoignent du même optimisme. Dernière pré- vision en date, celle de l’Unédic. L’organisme gestionnaire de l’assurance chô- mage table sur 104.000 chômeurs supplémentaires cette année, après 182.000 en 2014. Un ralentissement, certes, mais pas de baisse à l’horizon. En cause, encore et toujours la « faible croissance », selon l’Unédic. Le gouver- nement table sur 1% en 2015, après 0,4% en 2013 et 2014. Insuffisant, jugent les économistes, qui estiment que le chômage ne peut pas baisser significati- vement en-dessous de 1,5% de croissance. Dans ces conditions, l’Unédic anticipe une progression de l’emploi « insuffi- sante pour compenser la hausse de la population active ». Chaque année, plus de 100.000 personnes supplémentaires affluent sur le marché du travail.

Pas de quoi entamer l’optimisme de M. Rebsamen : « Jusqu’à présent, tous les pronostics ont été déjoués. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a du mal à écouter les économistes qui, en permanence, nous disent : Cette année, ça va être mieux, ça va être moins bien. »

Le ministre espère un retournement mi-2015. Pour y parvenir, le gouvernement compte sur le Pacte de responsabilité, dont une partie des exonérations de cotisations patronales est entrée en vigueur au 1er janvier. Mais les contreparties prévues en échange de ces 40 milliards d’euros octroyés aux entreprises d’ici à 2017 tardent à se concrétiser. A ce jour, 11 branches professionnelles seulement ont pris des engagement chiffrés.

« Ce rythme est encore trop lent », s’est impatienté François Hollande lundi lors de ses voeux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi. Le président a ap- pelé les nombreux retardataires à « accélérer la marche ».

En ces temps d’unité nationale et d’esprit du 11 janvier, le président a prévenu : « Le chômage est une menace pour la cohésion de notre pays ». Phénomène encore plus inquiétant : le chômage de longue durée. François Rebsamen dévoilera le 9 février un plan d’action qui devait initialement être présenté avant fin novembre. Erigé en « cause nationale » lors de la conférence sociale de juillet dernier, le chômage de longue durée continue de faire tâche d’huile. Petite activité com- prise, 43% des chômeurs inscrits à Pôle emploi le sont depuis plus d’un an. Plusieurs mesures en leur faveur avaient déjà été annoncées en juin dans le cadre du « plan seniors » : 80.000 chômeurs de longue durée supplémentaires en accompagnement renforcé à Pôle emploi ou les contrats aidés du secteur marchand centrés sur les seniors et les chômeurs de très longue durée (plus de trois ans).

Dernier épineux dossier sur la table du gouvernement : la simplification des « seuils sociaux », qui déclenchent des obligations pour les employeurs à me- sure que leurs effectifs augmentent. L’exécutif a repris la main sur le sujet après l’échec de la négociation sur le dia- logue social en entreprise. Le Premier ministre Manuel Valls doit réunir tous les acteurs le 19 février. Objectif : « lever les verrous » à l’embauche.

Jean-Philippe Chognot Paris, 25 janvier 2015 (AFP)

Auteur: SNU

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