Le gouvernement prévoit de supprimer des milliers de postes à PE

Le gouvernement prévoit de supprimer des milliers de postes à PE

Le gouvernement envisage de réaliser trois milliards d’économies en cinq ans sur le budget du service public de l’emploi.

A la clé, notamment, des milliers de suppressions de postes.

Ce sera le dossier brûlant du Budget. Depuis plusieurs semaines, dans les plus hautes sphères de l’Etat, on évoque le sujet du bout des lèvres, comme si la mesure était trop énorme pour devenir réalité. Mais en définitive, pour réaliser des économies drastiques, Pôle emploi et ses 54 000 salariés sont bien à l’aube d’un dégraissage massif. « Plusieurs milliers de postes de cadres du service public de l’emploi sont dans le viseur de Bercy », assure un visiteur du soir de Matignon. Selon lui, entre les budgets 2018 et 2022, les coupes dans les effectifs et d’autres mesures devraient aider l’Etat à économiser « une enveloppe de près de 3 Mds€ ». « La logique, c’est une baisse de l’armée mexicaine des dirigeants de Pôle emploi, poursuit-il. Ce sont les cadres avec de gros salaires, ceux qui travaillent en back-office, notamment sur des fonctions d’ingénierie ou d’analyse du marché de l’emploi.»

Pas question donc — a priori — de toucher à l’accueil ou à l’accompagnement des chômeurs. Ni de privatiser complètement ce service public créé en 2008, à l’issue de la fusion entre l’ANPE et le réseau des Assedic. Mais qu’envisage-t-on alors ? « Une fois les postes supprimés, soit on réorganise en interne, soit on externalise ce service public, ce qui est plus probable », décrypte un haut fonctionnaire.

Le dossier ne devrait pas être mis sur la table fin septembre, lors de la présentation du Budget. Au ministère du Travail, on désamorce d’ailleurs : « En 2018, le nombre de suppressions de postes à Pôle emploi n’atteindra pas quatre chiffres », précise-t-on au cabinet de la ministre Muriel Pénicaud. Pas de quoi s’affoler, donc ? En coulisses, certains hauts fonctionnaires assurent plutôt que le gouvernement entend d’abord tâter le terrain avant de mettre les pieds dans le plat.

La privatisation, une idée qui a de nombreux partisans

« La bombe sera lâchée, l’air de rien, lors du grand forum de la fonction publique », glisse l’un d’eux. Ce rendez-vous, annoncé depuis plusieurs mois par Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, doit permettre de lancer un vaste débat national sur le service public en France.

Les débats risquent d’être musclés, car les syndicats n’ont pas été informés de cette refonte à venir. « Si demain le gouvernement nous explique qu’il y a chez Pôle emploi des milliers de gens qui se tournent les pouces, et que l’on peut réduire la voilure sans dommage, on marche sur la tête ! » s’indigne Dominique Nugues, représentant syndical Unsa-Pôle emploi. Pourtant, une fois le débat ouvert, toutes les pistes seront étudiées. Et nul doute que les partisans de l’externalisation des services publics mettront la pression.

« En France, seuls 8,8 % des chômeurs retrouvent un travail grâce à Pôle emploi, égratigne Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap, un think-tank libéral. En Australie, le placement des chômeurs a été confié à des structures privées avec d’excellents résultats. Nous devons suivre cette voie-là. » L’actuel ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, devrait lui prêter une oreille attentive. Lors des primaires des Républicains, il proposait justement de privatiser Pôle emploi.

Le Parisien 19.09.2017

Aurélie Lebelle et Matthieu Pelloli

Auteur: SNU

Partager cet article :