Le chômage atteint un nouveau palier: le taux mesuré par l’Insee s’est établi à 10,0% de la population active fin 2014 en métropole (“0,1 pt), une barre symbolique que le gouvernement espérait ne pas connaître si tôt. Avec l’outre-mer, le chômage progresse également de 0,1 point au 4e trimestre, pour atteindre 10,4%, a annoncé jeudi l’Institut national de la statistique. Sur un an, le taux de chômage, mesuré par l’Insee selon les normes du Bureau international du travail (BIT), grimpe de 0,4 point en métropole et de 0,3 point en France entière, retrouvant dans les deux champs son niveau de la mi-2013.
“2014 a encore été une année de faible croissance (“0,4%), ça n’a pas permis de créer des emplois et d’absorber la hausse de la population active”, analyse Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Il s’agit d’une déconvenue pour le gouvernement, qui espérait rester sous le seuil des 10% de chômage.
“C’est le pourcentage de chômeurs à la fin de l’année 2014”, mais le début 2015 a été marqué par “une légère embellie” et “même si une hirondelle ne fait pas le printemps, elle peut annoncer la fin de l’hiver”, a souhaité le ministre du Travail, François Rebsamen sur BFM-TV, qui, prudent, “aime mieux attendre un semestre pour tirer des leçons”.
– Stabilisation pour les jeunes et les seniors –
Sur le 4e trimestre en métropole, ce sont les catégories d’âges intermédiaires (25-49 ans) qui ont supporté la totalité de la hausse: “0,2 point à 9,5%. Les jeunes et les seniors ont, eux, connu une stabilisation de leur taux, à 23,7% pour les 15-24 ans et à 6,8% pour les 50 ans ou plus. Sur un an, en revanche, la situation des jeunes s’est dégradée de 1,0 point. Au total, l’Insee a comptabilisé, fin 2014, 2,877 millions de chômeurs en métropole, soit 124.000 de plus que fin 2013 (“4,5%). L’indicateur de l’Insee, le seul reconnu à l’international, reste moins sévère que celui de Pôle emploi, qui comptabilisait 3,50 millions d’inscrits sans aucune activité en métropole fin décembre, soit 189.000 de plus que fin 2013 (“5,7%). Le chômage Pôle emploi a, depuis, connu un mois de légère baisse en janvier, pour s’établir à 3,48 millions. Les deux indicateurs ne mesurent pas le chômage de la même manière: Pôle emploi recense les demandeurs d’emploi enregistrés sur ses listes alors que l’Insee mesure son taux à partir d’une enquête effectuée chaque trimestre auprès de 110.000 personnes.
– ‘Possible stabilité en 2015’ –
Une partie des 623.000 chômeurs supplémentaires comptabilisés par Pôle emploi fait partie du “halo du chômage” de l’Insee, réunissant 1,4 million de personnes qui souhaitent travailler mais ne sont pas disponibles immédiatement ou ne cherchent pas activement un emploi. Ce “halo” a accueilli 20.000 personnes supplémentaires au 4e trimestre et 78.000 sur un an. Autre indicateur négatif: le “sous-emploi”, qui concerne 6,5% des actifs (“0,1 pt) selon l’Insee. Il s’agit essentiellement de travailleurs à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage. La hausse du chômage au 4e trimestre est conforme aux dernières prévisions de l’Insee. L’Institut prévoit d’ici à mi-2015 une poursuite de l’augmentation jusqu’à 10,2% en métropole et 10,6% avec l’outre-mer. Le taux de chômage de l’Insee se rapprocherait ainsi de son pic historique (10,4% en métropole) atteint à deux reprises en 1994 et 1997. Mais le gouvernement garde espoir. “Il n’y a pas de montée inexorable du chômage”, assurait début février le président François Hollande, qui a annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat en 2017 si le chômage ne baissait pas.
Compte tenu “de la poursuite de la montée en charge des politiques d’emploi, il est possible qu’on ait une stabilité du taux de chômage en 2015”, estime Bruno Ducoudré. Mais si le gouvernement espère faire plus que le 1% de croissance prévu pour 2015, la barre de 1,5%, nécessaire selon les économistes pour faire baisser le chômage, semble difficile à atteindre. “Je pense qu’on aura une accélération des créations d’emplois mais pas de baisse du taux de chômage”, prévoit de son côté l’économiste Philippe Waechter (Natixis), qui anticipe “une possible stabilisation”.
Jean-Philippe CHOGNOT (AFP)