La Cour des comptes tombe sur Pôle emploi

La Cour des comptes tombe sur Pôle emploi

Un rapport reproche au service public de l’emploi sa faible efficacité dans le retour à l’emploi, et son « coût croissant ».

La Cour des comptes n’en est pas à sa première contradiction. Dans un rapport thématique qui doit être rendu public aujourd’hui, mais dont le contenu a déjà été en partie révélé hier par le Parisien, les sages de la rue Cambon mettent Pôle emploi sur le gril, en lui reprochant à la fois de coûter trop cher, et une qualité de service en baisse, comme si les deux questions n’étaient pas liées.

Intitulé « Pôle emploi à l’épreuve du chômage de masse », le document se veut un bilan de l’activité de l’organisme chargé du placement et de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, issu de la fusion décidée par la droite en 2008, et effective depuis le 1er janvier 2009, entre les ex-ANPE et les ex-Assedic. Alors que des économies et une amélioration du service rendu au chômeur par l’instauration d’un interlocuteur unique étaient mises en avant par les promoteurs du projet de fusion, la Cour des comptes en dresse un bilan plutôt négatif. Elle pointe ainsi des « coûts croissants » liés à l’alignement des salaires des ex-agents ANPE sur ceux des ex-agents Assedic, et au recrutement de 4 000 agents en 2012 et 2013 (pour atteindre 53 000 agents), qui est venu compenser un peu l’explosion du nombre de chômeurs depuis la crise. Le rapport estime que Pôle emploi remplit bien sa mission d’indemnisation, mais il pointe une forte baisse des offres d’emplois collectées auprès des entreprises. Enfin, s’il approuve la nouvelle stratégie de l’opérateur consistant à différencier l’accompagnement des chômeurs en fonction de leur proximité à l’emploi, il estime que « l’intensité de l’accompagnement » est dans tous les cas « trop faible ». Tout à son objectif de baisse des coûts, il déplore que le réseau de 1 000 agences soit « peu propice à une mutualisation des effectifs »…

« Une fois de plus, nous sommes pris comme boucs émissaires, déplore Jean-Charles Steyger, du syndicat SNU-Pôle emploi. La semaine dernière, le ministre Rebsamen contestait le travail de Pôle emploi et de la Dares sur les chiffres du chômage. Aujourd’hui, la Cour des comptes tape sur Pôle emploi. Que veulent-ils faire de nous, nous vendre par appartements ? » Le syndicaliste ne nie pas les problèmes, mais les explique par la pénurie de moyens, alors que le nombre d’inscrits à Pôle emploi a presque doublé depuis la fusion : « De 2008 à 2013, il y avait mille inscriptions par jour à Pôle emploi, il a fallu faire des choix. On a concentré l’activité des agents sur l’inscription et l’indemnisation, et on a abandonné l’accompagnement et les entreprises. Il n’y a plus que 3 000 agents chargés de collecter les offres d’emplois dans les entreprises, contre 18 000 auparavant. Et chaque agent chargé de l’accompagnement a 400 personnes dans son portefeuille, la grande majorité des chômeurs n’est pas suivie ! Il faut trouver des solutions pour sortir de cette pénurie et réorienter Pôle emploi pour répondre aux exigences des chômeurs. »

FANNY DOUMAYROU JEUDI, 2 JUILLET, 2015

Auteur: SNU

Partager cet article :