Intervention du SNUTEFI-Insertion au Conseil Délibératif Fédéral National (CDFN) des 13 et 14 Novembre 2018
Au début de l’été, le Premier Ministre a proposé à demi-mots la fusion des Missions Locales avec Pôle Emploi.
A la rentrée, c’est une note de la DGEFP qui suggérait aux directeurs d’agences Pôle Emploi de « tâter le terrain » auprès des Présidents de Missions Locales.
La réaction a été assez vive, aussi bien de la part des salarié.e.s que des Président.e.s des Missions Locales. Quand nous disons « assez vive », nous voulons dire que les Président.e.s de Missions Locales ont « interrogé » le Premier Ministre et la Ministre du Travail, et qu’ils ont lancé une pétition en octobre, pétition assez largement relayée auprès des salarié.e.s.
Quelques missions locales organisent des réunions syndicales, beaucoup de collègues s’inquiètent sans vraiment bouger, alors que l’enjeu est de taille.
Il est de taille non seulement pour les salarié.e.s mais aussi et surtout pour les jeunes que nous accompagnons, et représente un enjeu de société majeur !
Quelques éléments à l’appui de ces propos :
-Le rapport CAP 22 préconise, entre autres, une responsabilisation des demandeurs d’emploi et un ajustement des personnels du service public de l’emploi aux courbes descendantes du chômage. Numérisation massive de la recherche d’emploi (qu’on soit illettré.e, analphabète ou simplement qu’on ne comprenne rien aux directives du logiciel de Pôle Emploi, peu importe!), mise en concurrence des services (pour les techniques de recherche d’emploi, mais aussi pour les dispositifs d’accompagnement !), et…dégraissage des services de Pôle Emploi quand on décide de faire baisser artificiellement le chômage (parce que rappelons-le, c’est quand même souvent comme ça qu’on le fait baisser !), voilà de quoi avancer !
-Le plan pauvreté, quant à lui, « oblige » les jeunes à être occupés jusqu’à leur 18 ans, mais dans un but précis : être employable ! Obligation de formation, ou a minima de suivi par les Missions Locales, voilà ce qu’on propose aux jeunes, et pas, par exemple, une re-scolarisation…
Et c’est là qu’il est important pour notre Fédération de faire le lien entre toutes ses composantes : alors que tous les secteurs de l’éducation vont souffrir des choix politiques et sociétaux qui sont faits, les suites de parcours envisagées par le gouvernement pour un jeune sont terrifiantes !
Dans une perspective minimaliste, on pourrait penser que former les jeunes sorti.e.s de l’école, leur proposer des services d’accompagnement adaptés est une bonne chose, mais lorsque l’on voit les réductions de financement de formations ressenties dans toutes les régions, ou leur orientation unique vers les besoins des entreprises, et quand on propose la fusion des Missions Locales avec Pôle Emploi, c’est un tout autre horizon qui se profile…
Cette fusion entraînerait en effet la perte du sens premier des Missions Locales à savoir l’accompagnement global (c’est à dire aussi bien social que professionnel ) des jeunes, et amènerait à ce que de nombreuses et nombreux camarades de Pôle Emploi regrette, à savoir une déshumanisation croissante des rapports avec les usagers.
Avec les réductions de personnel prévues à Pôle Emploi, il est de plus évident que les salarié.e.s de Missions Locales seraient les premiers dans les futures charrettes de licenciements…
Au Snutefi-Insertion, il nous semble indispensable que la FSU qui, au travers d’une grande majorité de ses syndicats et de leurs adhérent.e.s et militant.e.s, accompagne les jeunes de leur naissance à leur insertion socio-professionnelle en tenant compte de leurs réussites et de leurs échecs, s’engage dans une campagne thématique sur ce thème.
Dénonciation des attaques menées contre celles et ceux pour qui nous travaillons au quotidien, mais aussi formulation de nos revendications, ce serait une occasion pour notre Fédération de montrer son unité sur ce sujet.